- PARTI RÉPUBLICAIN (États-Unis)
- PARTI RÉPUBLICAIN (États-Unis)PARTI RÉPUBLICAIN, États-UnisL’ambiguïté qui caractérise les partis politiques américains est confirmée par les contradictions qui président à la création du Parti républicain en 1854. Même son lieu de naissance n’est pas exactement connu: Ripon (Wisconsin) ou Jackson (Michigan). Les républicains se sont toujours vantés d’être le parti de l’abolition de l’esclavage; en fait, si sa création a été provoquée par le problème de l’esclavage, le nouveau parti ne souhaitait pas s’engager exclusivement dans une campagne abolitionniste. C’est en effet parce qu’il réussira à ne pas apparaître comme uniquement axé sur ce problème que le parti arrivera à recueillir l’adhésion des fermiers de l’Ouest et des industriels du Nord et à obtenir des victoires électorales à partir de 1858; il demeurera quasi continuellement au pouvoir jusqu’en 1932.Dans l’ensemble, l’électorat républicain est sensiblement plus homogène que l’électorat démocrate. On peut déjà le constater en énumérant les bastions régionaux du Parti républicain: le Centre-Nord (Wyoming, les deux Dakota, Nebraska, Kansas, Iowa et Wisconsin), le Nord-Est (Maine, New Hampshire et Vermont) et un État plus isolé, l’Oregon. Tous sont des États agricoles. Cette implantation dans les régions agricoles est confirmée par le fait que les circonscriptions électorales des grands États industriels (New York, Pennsylvanie ou Michigan), qui accordent majoritairement leurs voix à des candidats républicains, sont des circonscriptions agricoles. Ce sont donc les régions agricoles, les petites villes, mais aussi les banlieues (quoique celles-ci aient vu leur comportement politique devenir plus équilibré à mesure que s’y établissent toutes les couches sociales) qui constituent l’épine dorsale du républicanisme.De fait, l’habitat ne constitue pas le seul facteur explicatif des choix politiques des citoyens américains, lié qu’il est à la classe sociale dont l’électeur fait partie. Les électeurs républicains appartiennent dans leur majorité aux classes moyennes, notamment au monde des affaires ou de l’agriculture, ce qui n’exclut pas qu’une part non négligeable de la classe ouvrière vote républicain. Étant donné ces caractéristiques sociales, il n’est pas surprenant que le Parti républicain soit avant tout le parti des Blancs, des Anglo-Saxons, des protestants, ensemble plus connu sous le sigle de W.A.S.P. (White Anglo-Saxon Protestants ). L’intégration progressive des minorités ethniques tend à modifier, dans une certaine mesure, les données du problème. Il n’en demeure pas moins que les clivages entre Blancs et non-Blancs, catholiques et non-catholiques ou entre cadres et ouvriers persistent dans le temps, de façon sans doute moins cruciale que par le passé mais suffisante pour n’être pas négligée par le personnel politique. Au total, la définition que Sydney Hyman a donnée des démocrates et des républicains semble toujours valable: les démocrates seraient un «vaste groupe de lourdauds de deuxième zone dirigés par un petit groupe d’aristocrates de première classe», alors que les républicains seraient un «petit groupe d’aristocrates de seconde zone dirigés par un vaste groupe de lourdauds de première classe».L’idéologie du Parti républicain est, elle aussi, difficile à cerner. Comme son homologue démocrate, le Parti républicain est composé d’hommes et d’intérêts très divers; cependant, il apparaît dans l’ensemble comme plus conservateur que celui-ci. En politique intérieure, il s’oppose à un gouvernement trop centralisé et trop puissant, estimant que les problèmes seront mieux réglés au niveau local. Il souhaite un budget équilibré avec report du maximum de dépenses au niveau local, ce qui, d’après lui, permettrait une diminution des charges fiscales. Il croit en effet que la libre entreprise, à laquelle il est très attaché, ne peut survivre que si elle n’est pas gênée par une fiscalité trop lourde. C’est ainsi qu’il a pu préconiser la suppression du problème noir par le développement de la libre entreprise et du «capitalisme noir».En politique étrangère, le parti est tiraillé entre deux courants opposés. D’une part, un très fort sentiment isolationniste et, d’autre part, une conscience aiguë de la puissance des États-Unis et de la supériorité de leur système économico-politique, qui le poussent à intervenir dans les affaires du monde (à quoi s’ajoutait, jusqu’au tout début des années 1990, un anticommunisme profond).
Encyclopédie Universelle. 2012.